En travers de la jambe

trace_de_ensis_directusTangible, incompressible, insensible,… _comme le temps qui nous emmène inlassablement vers l’avant_ la couture violace, noircit, s’agrandit, s’étend et s’impose comme une preuve de vie. Ici, c’est comme un joli trait de feutre maintenant. On a même les petits points autour, des confettis que l’on jette au vent comme les cendres d’un passé différent. Ici c’est une courbe résolument artistique ou contemporaine. Ailleurs, c’eut été le drame. La tête, le dos : ça se terminait dans une boite en bois, une urne en fonte, ou une chaise de fer à roulettes.

Le noir qui m’a absorbé ce soir là est venu bien loin.  Du loin d’une lourde vague qui fait se rejoindre sable sel et eau. qui laisse suffisamment de sable au fond des lacrymales pour monter un béton des plus solides.

Du loin d’une arme planté sur soi, lorsque grince la peur dans les dents des enfants juste là derrière… Lorsque claquent les rideaux sur les vitres sombre dans la campagne amazonienne.

Du loin d’un matelas posé sous les toits qui, seul, retient cette envie de voler au-dessus de Paris et me rappelle à ma condition d’animal sans ailes et sans nageoires.

Dans mes cauchemars je tombais… je tombais. Et puis soudain, je savais que je rêvais. La chute n’avait aucune importance,  ça devenait même doux, je pouvais faire durer la chute, comme suspendue dans la translation verticale. Jusqu’au réveil doux. dans mes chauds molletons d’hiver.

Ce soir là, le cauchemar ne devait pas se transformer en rêve, l’atterrissage eut été fatal. Je m’en serai voulue de n’avoir pas lutté jusqu’à la dernière marche. Projetée d’un mur, sur l’autre pour arriver en bas, sans trop de bris.

“La vida tombola – Manu chao”

Retour d’ailleurs… les yeux dans le cœur

Lourde. à reculons. je rentre. reviens. retourne encore. Mets la clé dans la serrure, ça hurle là, en haut, dans mes oreilles. j’ai chaud. le sac lourd. Vingt-huit plus quinze kilos, quatrième étage. sans ascenseur qu’ils disent. C’est ça. une vie sans ascenseur. porter toujours. trainer encore. aimer pourquoi.

Elle sont bien mes plantes, merci Clem.

De retour à la ville, j’ai envie de t’embrasser toi. mon chat, toi mon inconnu, toi, mon moi, mon double, criblé de lien, lié à moi. par les réseaux lointains, les messages certains… la présence toujours.

Et soudain, mon cœur balance. Un chat de perdu ? là bas au confins du Brésil, au détour d’une session nocturne, dans la nuit, le vent, la mer douce, les vagues glissantes, distantes. un adieu, fait de mots, fait d’absences, d’incompréhensions. Et pourtant c’est 5 petits ans d’une vie qu’il a balayé cette fois de sa petite patte, mon chat. Il refuse de m’appartenir. m’en fous, dans mes neurones, il vivait, courant, d’une synapse à l’autre, créant de nouveaux circuits plus vivant, plus distants, plus idéaux les uns que les autres. Toujours plus beaux.

Mon chat est loin, il m’a dit au revoir, je n’y croyais pas. Lui, n’a pas hésité. Ah bon, c’est comme ça. j’ai pleuré mon Pierre, Une nuit entière, dans les bras de Pedro, au fond d’un lourd brasillera, sous la luna llena au cœur du Ceara.

luna-llena

Mon chat est loin.

Mon chat saura quand il sera l’heure. pour l’heure, il louvoie entre ville, vols et dérives.

Et ils sont tous là, pour me rappeler que s’il ne sait pas, c’est qu’il n’a pas encore rencontré la  seule. on y croit donc tous encore ?

Mon homme est proche. il se rapproche. il me dit tout ça. Le vent, la vitesse, la tension dans les lignes, le jus de raison. Je le reconnais, je me reconnais dans lui. Ensemble nous aimons nos corps. le sien blanc, marqué par la convalescence, longue. Le mien, hâlé, qui lui rapporte des souvenirs d’ailleurs. j’aime le caresser, il aime le regarder. Des nuits durant, nous trainons.

Et le chat fait des siennes.

Un café, à St Eust. sa main dans mes cheveux, un regard. et tout va loin. trop loin. Tout bascule. Grrrr…..

Des corps qui se serrent, des mains qui se frôlent, des yeux qui ne sont pas… à l’habitude. me semble-t-il. Non, bien plus forts. Bien plus forts ?

Mon corps se partage. ma tête me fait mal, elle se déchire. Mais ne supporte pas deux. Hémisphère droit pour toi, hémisphère gauche, fastoche. pas tant que ça.

Pas si facile de choisir. L’impossible velours. Le confortable pour longtemps. Des yeux secs désormais qui ne savent plus. qui cherchent une explication à droite, à gauche. jamais donc on ne respirera, mon chat ?

Entendu, lu, vu.

Et le chef qui soule. fais-pas-ci, fais-pas-ça… Ah, si c’était pas la crise. A moins que la crise ne soit qu’une feinte géante pour ajouter au débat.

Le chat recule, diminue, faute de présence. faute de promesse, faute de croyances… Tout mon être ne veut pas ce qu’il porte, il voudrait que ce soit au félin, cette petite pousse. Tout entier, il se révolte, s’insurge.

Lundi, dur. Lundi. impossible. un jour sans fin, douleur incroyable, dans les bras de mon autre, mon double, mon moi, mon simple ami. câlin. mal. la pousse ne sera pas cette fois-là. Il était trop tôt.

Besoin de digérer le chat avant de planter des arbres. J’ai confiance cette fois, mon ami est là. La mer. le temps. rien ne presse, donne moi du temps. apprivoise moi. Emmènes moi. Dimanche, c’est toi mon roi.

Soudain tous vous me manquez.

Celui sans yeux. L’écriture d’une musique électro indifférente, d’une planche de BD israélienne, d’une autre humanitaire. L’espagnol natal, l’italien rival. Lourdes, Rome, Paris.

Quand je saurais. Je vous dirais.