En travers de la jambe

trace_de_ensis_directusTangible, incompressible, insensible,… _comme le temps qui nous emmène inlassablement vers l’avant_ la couture violace, noircit, s’agrandit, s’étend et s’impose comme une preuve de vie. Ici, c’est comme un joli trait de feutre maintenant. On a même les petits points autour, des confettis que l’on jette au vent comme les cendres d’un passé différent. Ici c’est une courbe résolument artistique ou contemporaine. Ailleurs, c’eut été le drame. La tête, le dos : ça se terminait dans une boite en bois, une urne en fonte, ou une chaise de fer à roulettes.

Le noir qui m’a absorbé ce soir là est venu bien loin.  Du loin d’une lourde vague qui fait se rejoindre sable sel et eau. qui laisse suffisamment de sable au fond des lacrymales pour monter un béton des plus solides.

Du loin d’une arme planté sur soi, lorsque grince la peur dans les dents des enfants juste là derrière… Lorsque claquent les rideaux sur les vitres sombre dans la campagne amazonienne.

Du loin d’un matelas posé sous les toits qui, seul, retient cette envie de voler au-dessus de Paris et me rappelle à ma condition d’animal sans ailes et sans nageoires.

Dans mes cauchemars je tombais… je tombais. Et puis soudain, je savais que je rêvais. La chute n’avait aucune importance,  ça devenait même doux, je pouvais faire durer la chute, comme suspendue dans la translation verticale. Jusqu’au réveil doux. dans mes chauds molletons d’hiver.

Ce soir là, le cauchemar ne devait pas se transformer en rêve, l’atterrissage eut été fatal. Je m’en serai voulue de n’avoir pas lutté jusqu’à la dernière marche. Projetée d’un mur, sur l’autre pour arriver en bas, sans trop de bris.

“La vida tombola – Manu chao”

roulade

 

 

 

 

 

 

goldwingEt tout à coup, il y a eu les odeurs et les bruits de noël, un matin, trainant dernière nous l’odeur du sexe, d’une nuit longue et de mon lit, de la fumée de mon improbable cheminée. On a dévalé Paris pour se rendre service, et l’histoire à voulu que l’on aille te choisir une montre, une Nixon, grise et bleue, et diamante. Ta Goldwing a vrombit sous nos corps engourdis par le froid. L’ouverture de la fenêtre, faute à Grisouille qui avait mangé les rideau, faute à la cheminée qui souffle à l’intérieur. l’hiver était là et le vent de Paris pour rafraichir les interstices de nos humeurs prêtes à s’emballer.

Nixon

Tu as hésité, et as fini par la choisir, par dépit. Et on a filé, toi à la recherche de ton guide pour Boracay, moi pour un rendez vous pluvieux avec les amoureux. Tous les 3, on a marché jusqu’à Bastille, dans les rues grises de Paris. C’était le cirque. Pour toi, c’était le cirque surprise.

En marchant on a discuté, c’est toujours plus facile, moins personnel, plus neutre en marchant. Et pourtant, vous vous êtes moqués. De ma façon de ne savoir qu’une seule chose : que je veux ce que je ne peux pas. que je me détourne de mes désirs pour être sures de n’y être pas confrontée. De tenter des envolées parfois et de me rétracter par pudeur, rapidement, précipitamment, immédiatement.

On a bu trois grands chocolats chauds. L’hiver à Paris ça coule à l’intérieur et ça réchauffe tout le corps. Après une trêve timide, on s’est séparés sur le faubourg, vous vers le nord, moi vers l’est.

Dans cette galerie les odeurs et les effluves me sont montées à la tête. Les couleurs, les senteurs, je ne pouvais plus les affronter. Après ce grand frais, ces vagues chaudes de cocote, florales ou sucrées m’ont soudain données envie de vomir, de tomber, de tourbillonner.

Le poids de mon corps tout entier s’est enfoncé dans la ville, à la recherche d’un appui. RIEN.

toujours plus profond, toujours plus vite, comme dans la coube d’une vague de bitume, j’ai senti tout le dioxyde de carbone de la ville me monter au nez, en une fois, comme une moutarde de mauvaise qualité. Comme un oiseau de mauvais augure. J’ai éternué.

Je me suis réveillée dans cette salle de cinéma familière. Quai de Loire, je suis chez moi.

Sleeping beauty ? Shame ? je ne sais plus…

J’ai respiré profondément, le film a commencé. Il faisait bon dans cette salle, la toile du fauteuil comme un réconfort d’hiver. C’est pour ça que Paris est à moi.

Toujours un petit coin de ville où se lover après une journée transie.