Tangible, incompressible, insensible,… _comme le temps qui nous emmène inlassablement vers l’avant_ la couture violace, noircit, s’agrandit, s’étend et s’impose comme une preuve de vie. Ici, c’est comme un joli trait de feutre maintenant. On a même les petits points autour, des confettis que l’on jette au vent comme les cendres d’un passé différent. Ici c’est une courbe résolument artistique ou contemporaine. Ailleurs, c’eut été le drame. La tête, le dos : ça se terminait dans une boite en bois, une urne en fonte, ou une chaise de fer à roulettes.
Le noir qui m’a absorbé ce soir là est venu bien loin. Du loin d’une lourde vague qui fait se rejoindre sable sel et eau. qui laisse suffisamment de sable au fond des lacrymales pour monter un béton des plus solides.
Du loin d’une arme planté sur soi, lorsque grince la peur dans les dents des enfants juste là derrière… Lorsque claquent les rideaux sur les vitres sombre dans la campagne amazonienne.
Du loin d’un matelas posé sous les toits qui, seul, retient cette envie de voler au-dessus de Paris et me rappelle à ma condition d’animal sans ailes et sans nageoires.
Dans mes cauchemars je tombais… je tombais. Et puis soudain, je savais que je rêvais. La chute n’avait aucune importance, ça devenait même doux, je pouvais faire durer la chute, comme suspendue dans la translation verticale. Jusqu’au réveil doux. dans mes chauds molletons d’hiver.
Ce soir là, le cauchemar ne devait pas se transformer en rêve, l’atterrissage eut été fatal. Je m’en serai voulue de n’avoir pas lutté jusqu’à la dernière marche. Projetée d’un mur, sur l’autre pour arriver en bas, sans trop de bris.
“La vida tombola – Manu chao”