mercredi mon amour

Mercredi.

clubpoulet_thumb3Boulevard Montmartre. 20:00 devant le O ’Sullivan. On se retrouvera, tu verras, ce sera bien.

Tu es beau là, dans la lumière du soir qui monte. Nos corps inconnus, nos yeux qui se découvrent, dans la distance des lieux publics. L’interdit de la situation rend la rue belle et la ville amie. Soir de match, quoi… une bière ? En me noyant dans tes petits yeux bleus, je garde mes gants, comme témoin d’une réserve, d’une façon de ne pas me donner à toi, pas tout de suite.

tu es celui que j’aurai pu aimer. celui qui m’aurai trompé  ?

J’ai envie que l’on vive quelque chose d’unique. une sorte de truc ou dans 10 ans, dans 20 ans, tu ne me tromperas pas. Comme d’habitude. je suis à côté. Tu as bâtis 17 ans. tu ne détruiras pas ça en un revers. non.

la vie compte plus que ça.

Silence radio

Tu m’as rendu folle.

Ce qui pouvait me sauver, tout ce qui pouvait rendre bon en moi ce qui trépignait depuis des années, tu l’as noyé.

3 jours sans te lire, t’entendre ou te comprendre m’ont fait refermer la porte à cette ouverture béante née lorsque je t’ai rencontré.

Alors quand ce soir, tu m’as répondu, enfin, pour me dire que tout était vain. Que le corps comptait plus que tout et que la complicité n’était rien sans cette frénésie hormonale, ça ne m’a… fait…    rien

Ton corps je n’en veux pas.

Ton esprit, ne veut pas se pencher. ni dans cette voiture, qui échappe au carambolage, ni dans ce préfabriqué au milieu des dunes, ni encore dans cette salle de bain bourgeoise.

Notre façon d’être identiques, clones, amis, proches, comme complices de longtemps…je n’en veux plus de toutes façons.

Je t’en veux d’être toi. Un autre m’aurait emporté dans les méandres de nos désirs. Avec toi c’était froid, on regardait trop loin, on ne vivait pas. on ne faisait que croire aux lendemains. Un potentiel malsain.

Nos lendemains ne vivront pas. En le disant, en silence, tu fais la besogne pour deux. merci.

Je me sens de nouveau vivante, libérée, libre…

Je peux de nouveau me sentir respirer, me revoir dans la glace.

Et non moins malheureuse, morte.

bonne route petit muscle.

Incurable carence en vitamine D.

Il est vain, à Paris, de monter sur ses grands chevaux ;  ils ne mènent nulle part, et il n’y a plus d’allées cavalières.
Jérôme Garcin
Extrait de Lettres de rupture

 

Les murs me chuchotent que je leur appartiens et que je n’y peux rien. le bitume renvoie ses hydrocarbures aux bourgeons et aux premiers touristes. Belle Dame, tu brilles plus que jamais. Je sais que rien ne sera comme avant.

Rue Jacob, la fac de médecine et sa façade lisse, blanche et moche. qui me raconte le paysage blafard depuis ce fauteuil. Dos à la peinture de Bob, un voilier dans la tempête, une surface découpée, travaillée au couteau. Des vagues profondes de l’écume blanche, aérienne, ce talent inouï suspendu par une ficelle en coton jaunie par ces longues années de tabac.

Rue Jacob, de retour de voyage, j’ai voulu reprendre le fil urbain par un “Et avec ceci ? Ce sera tout ?” pincé. Oui, ce sera tout. Et je regrette déjà tous mes ailleurs.

WILLY-RONIS-2395-Boulangerie

Mes cellules qui avaient pris pour habitude d’être gorgées de vitamine D tombent immédiatement en carence entrainant tout mon corps dans une lutte épuisante. L’absence de murs, l’absence de déguisements dans ceux que j’ai vus, croisés, rencontrés, enfin cette impression. La valeur sure, le chaud du matin, la certitude du beau, du brulant et du soleil qui me rongeaient et m’avaient injecté le mal dans les veines m’avaient fait rentrer au pays et viennent me raconter que ce ne sera pas ailleurs ma vie, mais qu’ici tout ceci manquera sans fin, inlassablement.

Comme si la teinte d’ailleurs avait bousculée mes certitudes.

 

Juin, juillet, aout… Je rentre en ville lorsque tous partent.

Me voilà seule, dans ce grand appartement. 165 m² pour mon mètre 54, ça fait beaucoup, trop. Où sont-ils tous ? Je travaille, j’erre. je vis les textures. Cette moquette bleue marine dans la chambre du coin. le velours noir de ce grand canapé, cloué au sol, les ressorts du grand lit creux de la salle à manger, la paille fatiguée de toutes ces chaises, le lisse de ce formica couleur bois, l’aigre tabac dans ces voilures fades et partout le bois, de ce vieux parquet… Paris. l’été. Paris m’a oubliée parce que Paris je t’ai oublié.

Paris rancunière.

Moi aussi je regrette de t’aimer tant. Ce serait tellement simple de partir, de te quitter.