roulade

 

 

 

 

 

 

goldwingEt tout à coup, il y a eu les odeurs et les bruits de noël, un matin, trainant dernière nous l’odeur du sexe, d’une nuit longue et de mon lit, de la fumée de mon improbable cheminée. On a dévalé Paris pour se rendre service, et l’histoire à voulu que l’on aille te choisir une montre, une Nixon, grise et bleue, et diamante. Ta Goldwing a vrombit sous nos corps engourdis par le froid. L’ouverture de la fenêtre, faute à Grisouille qui avait mangé les rideau, faute à la cheminée qui souffle à l’intérieur. l’hiver était là et le vent de Paris pour rafraichir les interstices de nos humeurs prêtes à s’emballer.

Nixon

Tu as hésité, et as fini par la choisir, par dépit. Et on a filé, toi à la recherche de ton guide pour Boracay, moi pour un rendez vous pluvieux avec les amoureux. Tous les 3, on a marché jusqu’à Bastille, dans les rues grises de Paris. C’était le cirque. Pour toi, c’était le cirque surprise.

En marchant on a discuté, c’est toujours plus facile, moins personnel, plus neutre en marchant. Et pourtant, vous vous êtes moqués. De ma façon de ne savoir qu’une seule chose : que je veux ce que je ne peux pas. que je me détourne de mes désirs pour être sures de n’y être pas confrontée. De tenter des envolées parfois et de me rétracter par pudeur, rapidement, précipitamment, immédiatement.

On a bu trois grands chocolats chauds. L’hiver à Paris ça coule à l’intérieur et ça réchauffe tout le corps. Après une trêve timide, on s’est séparés sur le faubourg, vous vers le nord, moi vers l’est.

Dans cette galerie les odeurs et les effluves me sont montées à la tête. Les couleurs, les senteurs, je ne pouvais plus les affronter. Après ce grand frais, ces vagues chaudes de cocote, florales ou sucrées m’ont soudain données envie de vomir, de tomber, de tourbillonner.

Le poids de mon corps tout entier s’est enfoncé dans la ville, à la recherche d’un appui. RIEN.

toujours plus profond, toujours plus vite, comme dans la coube d’une vague de bitume, j’ai senti tout le dioxyde de carbone de la ville me monter au nez, en une fois, comme une moutarde de mauvaise qualité. Comme un oiseau de mauvais augure. J’ai éternué.

Je me suis réveillée dans cette salle de cinéma familière. Quai de Loire, je suis chez moi.

Sleeping beauty ? Shame ? je ne sais plus…

J’ai respiré profondément, le film a commencé. Il faisait bon dans cette salle, la toile du fauteuil comme un réconfort d’hiver. C’est pour ça que Paris est à moi.

Toujours un petit coin de ville où se lover après une journée transie.

Lorsque même le froid ne veut plus jouer

cigaretteCe soir on discute… Dans ton grand canapé, bas… qui s’enfonce au point que l’on touche presque terre. Tes coussins distendus de viscose élastique bleu turquoise passé, remplis de ce qu’il leur reste des milliers de petites billes de polystyrène. Ma main qui s’y enfouie, c’est presque comme un doudou ces textures… Et toi, ton flot de parole sans fin qui ne sait qu’une chose : m’emporter avec lui pour qu’à mon tour, par bribes, je finisse par te parler. Quel chemin dans tes synapses pour arriver là ? suis-je ton cobaye ? ton amie ? ton petit corps de ce soir ? ta voisine ?

Le goutte à goutte d’or aidant, on en parle. de toi, de moi, de nos parenthèses estivales, lorsque l’un et l’autre étions ailleurs, pour d’autres, en voies de bifurquer.

Tes yeux s’écarquillent quand je te l’annonce. Lui, tu le connais. Et tu dis que ça ne colle pas. Tu nous souhaite malgré tout, de prendre le bonheur que l’on pourra voler.

Un verre renversé sur ton clavier. Le cendrier qui déborde. Tu me racontes, qu’elle a eu tellement peur la gamine d’en face, qu’elle a fini par sauter. c’est pour ça le bouquet en bas.

fleurs

L’odeur de cigarette s’imprègne dans ma sphère vestimentaire et corporelle. Demain, je sais, mes cheveux sentiront ton tabac froid. et j’aime ça.

J’aime écouter ton Vietnam, ton Kenya, ton Brésil, ton Estelle. Comment tu as échoué dans une station service au milieu de rien, près de Rio, en pleine nuit et à devoir faire la pute pour te faire ramener à ton hôtel. Comment tu as rencontré d’illustres cinéastes tchèques…Pourquoi tu veux partir aux Philippines, et d’ailleurs que ce sera peut-être le Venezuela.

Et je t’entends, je me demande d’ou vient ce flux de parole généreux. confident. engageant. Quand je t’ai rencontré, souviens toi… pas plus de trois mois en dix jours.

Puis il y a eu les mots de cet été. moi, préoccupée, toi, présent. Jusqu’aux bouts de ces nuits pour les soirs de grande fatigue. Le punch et la recette de rôti d’Arsène, ça donne d’insolites conversations et des rencontres étonnantes.

Mais ce soir, nous sommes plus sages et la nuit s’engage, il commence à faire froid tout autour. Nos regards se disent bonne nuit. Chacun chez soi. Je lui ai promis l’exclusivité te dis-je.

papa

Je ne regrette pas, je suis juste en train de comprendre que je me mens, je me perdre, je crois au potentiel, je ne vis pas, je ne sens pas.

Et derrière l’écran noir de mon téléphone, tombé face contre terre, la magie du silence opère… je me détache. Je ne sais plus, il est tard.

Je ne t’aime pas je crois.