Lorsque même le froid ne veut plus jouer

cigaretteCe soir on discute… Dans ton grand canapé, bas… qui s’enfonce au point que l’on touche presque terre. Tes coussins distendus de viscose élastique bleu turquoise passé, remplis de ce qu’il leur reste des milliers de petites billes de polystyrène. Ma main qui s’y enfouie, c’est presque comme un doudou ces textures… Et toi, ton flot de parole sans fin qui ne sait qu’une chose : m’emporter avec lui pour qu’à mon tour, par bribes, je finisse par te parler. Quel chemin dans tes synapses pour arriver là ? suis-je ton cobaye ? ton amie ? ton petit corps de ce soir ? ta voisine ?

Le goutte à goutte d’or aidant, on en parle. de toi, de moi, de nos parenthèses estivales, lorsque l’un et l’autre étions ailleurs, pour d’autres, en voies de bifurquer.

Tes yeux s’écarquillent quand je te l’annonce. Lui, tu le connais. Et tu dis que ça ne colle pas. Tu nous souhaite malgré tout, de prendre le bonheur que l’on pourra voler.

Un verre renversé sur ton clavier. Le cendrier qui déborde. Tu me racontes, qu’elle a eu tellement peur la gamine d’en face, qu’elle a fini par sauter. c’est pour ça le bouquet en bas.

fleurs

L’odeur de cigarette s’imprègne dans ma sphère vestimentaire et corporelle. Demain, je sais, mes cheveux sentiront ton tabac froid. et j’aime ça.

J’aime écouter ton Vietnam, ton Kenya, ton Brésil, ton Estelle. Comment tu as échoué dans une station service au milieu de rien, près de Rio, en pleine nuit et à devoir faire la pute pour te faire ramener à ton hôtel. Comment tu as rencontré d’illustres cinéastes tchèques…Pourquoi tu veux partir aux Philippines, et d’ailleurs que ce sera peut-être le Venezuela.

Et je t’entends, je me demande d’ou vient ce flux de parole généreux. confident. engageant. Quand je t’ai rencontré, souviens toi… pas plus de trois mois en dix jours.

Puis il y a eu les mots de cet été. moi, préoccupée, toi, présent. Jusqu’aux bouts de ces nuits pour les soirs de grande fatigue. Le punch et la recette de rôti d’Arsène, ça donne d’insolites conversations et des rencontres étonnantes.

Mais ce soir, nous sommes plus sages et la nuit s’engage, il commence à faire froid tout autour. Nos regards se disent bonne nuit. Chacun chez soi. Je lui ai promis l’exclusivité te dis-je.

papa

Je ne regrette pas, je suis juste en train de comprendre que je me mens, je me perdre, je crois au potentiel, je ne vis pas, je ne sens pas.

Et derrière l’écran noir de mon téléphone, tombé face contre terre, la magie du silence opère… je me détache. Je ne sais plus, il est tard.

Je ne t’aime pas je crois.