Alors qu’Oran la radieuse m’appelle et m’attend, les bulles d’un anniversaire me gagnent.
Ces 31 ans nous les fêtions tous les 4 avec une carafe, un concert, des senteurs de clémentines et un match de rugby.
Plus tard, dans la nuit. Aux bulles joyeuses et légères d’une mousse estivale s’est substitué en un sursaut une lourde et sournoise noirceur envahi ssant mon esprit et tout l’espace de ma vie. Tout devient grave, impossible. Le lendemain serait un miracle, l’évidence que rien ne sera plus jamais comme avant. Son image me revient. L’histoire de cet homme que je croyais connaître. L’un de ceux en qui j’aurais donné ma confiance sans hésiter. C’est lui ce même monstre, qui répand le mal, des horreurs, et pas que. C’est lui qui s’impose devant mes yeux sans relâche ce soir. Comment peut on se tromper ? Comment faire confiance après ça. Les pires hommes sont ils donc ceux que l’ont ne sait pas…
Et ce soir, de ce kaléidoscope infernal, j’essaie de décrocher, en vain. Ça gronde et ça monte. La confiance n’existera plus.
Épuisée de panique et de froid, craintive, en sueur et recroquevillée je m’endors, finalement, un peu de chimie sous la langue.
Je sais déjà que lorsque sonnera le réveil, je serai déjà en retard pour l’avion et il faudra que je fasse mon sac, appelle le taxi et cours.
Oran sera là. La place des armes, majestueuse m’accueille sous son doux soleil de janvier. Le nectar noir brule entre mes lèvres et me réchauffe le corps. La ville est vivante, organique, comme s’ils avaient tous une révélation à faire plus importante que le prochain. Mon ombre fait deux fois ma taille. C’est l’heure de prier. Pour un instant j’appartiens à ce monde vivant, partageant ce moment de recueillement.
Le jour sera long, la nuit aussi. Tant de couleurs à voir, de draps et foulards aux fenêtres, de paraboles en arc en ciels, de soleils le long des façades haussmanniennes. Je suis au pic de la gaussienne je crois.
Oran, tu me reverras.