Donne moi ton nom.

Donne moi ton nom. Donne moi tes mains.
Donne moi tes épaules, ton dos.
Laisse moi prendre tes YEUX et les emmener au loin.
Donne moi la noirceur de tes NUITS d’ivoire, l’ombre de ta silhouette qui déambule dans la ville.
Donne moi tes idées, en vrac.

Laisse moi t’approcher.

Laisse.

Mais laisse donc ma main prendre ton BRAS..

Laisse moi t’approcher, farouche.

Ici c’est froid, je sais.
Ici c’est NOIR, je sais.
N’en plaise à ton rigide verrou.
Laisse moi juste
ESSAYER.

pluie de sable.

Tu ne riais plus dans cette pluie de sable.

Le temps qui te passe par là entre et retourne dans les méandres de ton talent ménagé. Le temps, toi tu le prends comme une flèche à ton arc et tu vises ton propre reflet dans cette eau claire qui te sépare de moi. Ce que tu y vois n’est rien de ce que je connais. Je ne peux m’y avancer, il fait trop nuit et je ne risquerai pas de ne plus trouver la lumière.

ça ne te fait pas peur de marcher dans la pénombre. Tu y cherches encore ton ombre. J’allume et tu virevoltes. Ton dos se courbe et tes épaules se rentrent. Tu fais le chat et tu te mets en boule. On ne peut plus te parler. Dommage, je voulais juste t’aimer.

liberté

Petit matin. Paris. Ma ville. défile sous mes roues. Mon vélo est fou, il es libre depuis longtemps.

Rue Richelieu. je ne sais plus ou j’allais, mais j’y allais. droit devant, ne pas y penser. droit devant, la liberté s’ouvre…  Et plus je pédale, plus c’est une évidence.. tout est ouvert, souple, à ma merci. Le soleil brille, brule cette ville,  belle, et brulante sous moi.

Paris., je réalise combien je t’appartiens, combien toi, tu m’appartiens. nous ne faisons plus qu’une. toi, mon vélo et moi. ne sommes plus qu’un…. un élan de liberté.

Radio isla negra, chili.

En écoutant par hasard une radio du Chili, j’ai cru reconnaitre un rythme, une sonorité, des nappes graves et saturées qui m’ont bercées pendant plusieurs années alors que je tentais de vivre au pied de la butte. Trop de poudres. Trop de poudre aux yeux auront eu droit de nous.

Je te revois, livide dans ce grand et laid canapé, je revois aussi, dans l’ombre, ce filet de sang, presque sec, qui coule le long de ta tempe.
Serait-ce ton son qui coule encore sur les ondes latines ?
Et le hasard de nos vies qui les recroise ?

 

Incurable carence en vitamine D.

Il est vain, à Paris, de monter sur ses grands chevaux ;  ils ne mènent nulle part, et il n’y a plus d’allées cavalières.
Jérôme Garcin
Extrait de Lettres de rupture

 

Les murs me chuchotent que je leur appartiens et que je n’y peux rien. le bitume renvoie ses hydrocarbures aux bourgeons et aux premiers touristes. Belle Dame, tu brilles plus que jamais. Je sais que rien ne sera comme avant.

Rue Jacob, la fac de médecine et sa façade lisse, blanche et moche. qui me raconte le paysage blafard depuis ce fauteuil. Dos à la peinture de Bob, un voilier dans la tempête, une surface découpée, travaillée au couteau. Des vagues profondes de l’écume blanche, aérienne, ce talent inouï suspendu par une ficelle en coton jaunie par ces longues années de tabac.

Rue Jacob, de retour de voyage, j’ai voulu reprendre le fil urbain par un “Et avec ceci ? Ce sera tout ?” pincé. Oui, ce sera tout. Et je regrette déjà tous mes ailleurs.

WILLY-RONIS-2395-Boulangerie

Mes cellules qui avaient pris pour habitude d’être gorgées de vitamine D tombent immédiatement en carence entrainant tout mon corps dans une lutte épuisante. L’absence de murs, l’absence de déguisements dans ceux que j’ai vus, croisés, rencontrés, enfin cette impression. La valeur sure, le chaud du matin, la certitude du beau, du brulant et du soleil qui me rongeaient et m’avaient injecté le mal dans les veines m’avaient fait rentrer au pays et viennent me raconter que ce ne sera pas ailleurs ma vie, mais qu’ici tout ceci manquera sans fin, inlassablement.

Comme si la teinte d’ailleurs avait bousculée mes certitudes.

 

Juin, juillet, aout… Je rentre en ville lorsque tous partent.

Me voilà seule, dans ce grand appartement. 165 m² pour mon mètre 54, ça fait beaucoup, trop. Où sont-ils tous ? Je travaille, j’erre. je vis les textures. Cette moquette bleue marine dans la chambre du coin. le velours noir de ce grand canapé, cloué au sol, les ressorts du grand lit creux de la salle à manger, la paille fatiguée de toutes ces chaises, le lisse de ce formica couleur bois, l’aigre tabac dans ces voilures fades et partout le bois, de ce vieux parquet… Paris. l’été. Paris m’a oubliée parce que Paris je t’ai oublié.

Paris rancunière.

Moi aussi je regrette de t’aimer tant. Ce serait tellement simple de partir, de te quitter.